SUITE BAKOUNINE
grand sans-abri Bakounine
aimait les huitres
même les morts
reçoivent des lettres
organe des fleurs
melons tranchés
guerre de position
les manœuvres du poème
un patois au féminin
quelque chose à la Huillet
sans le vieux Straub
minutes blanches
sous cerveau provisoire
un kilo d’hormones
au fond du sac plastic
délicat goûter (un goûter délicat)
pour les poètes et pour les singes
la question qui se pose
c’est quand finira la partie
constat changé en position
téléobjectivité
des appareils de prise de vue
quelle est la nature
de l’excès de réel
numéros
qui ne répondent plus
destinataires
inconnus à cette adresse
accélération de tout
fruit du caractère
binoculaire de la vision
un siècle impitoyable
Pour l’art comme pour le reste
l’instant
aussi inhabitable que son futur
travailler
pour que le texte fasse voir
loin de ce qu’il raconte
chasse aux civils
nouvelle battue
les agro carburants
à base céréalière
croissance de la faim
comme de la peur
sans arbitraire
pas sans structure
la modestie polémique
des petits travaux sur papier
(le temps qu’il fait)
cadran ou angle d’éclairage
c’est dans le texte
ce qui s’entend se voit
entre les lignes
lutter contre la contemplation sous vitrine
est un plein temps
le culte des ancêtres s’appauvrit
mettre en mouvement une durée
en serez vous capables
le voyage mexicain
fin des années soixante
Pentax Honlywell
équipé d’un objectif 50mm
et la Plymouth de Bill Coleman
quel rapport avec la quatrième prose
un certain nombre d’années
sur les voies ordurière
vivant d’insolvabilité
s’essoufflant
quand jaillit
du sang noir et chevalin
une époque autrement troublée
scintillante prose
ou animal marin
une langue fait fuir la langue
(elle seule c.a.d le goût de l’amer)
blocs de vies
plutôt mâchoires rongeuses
longtemps j’ai cru qu’une bestiale journée
annonçait une boisson froide
sorte de scénario
sans glaçon
peut-être synopsis
véritable faux vrai
raccord
semoule tiède
des enfants y crachent
tous les pieds sont verts
dans l’herbe du pré
songez à la légèreté du vent
lorsque vous écrivez
n’oubliez pas la fonction
du pollen
ce pur élément
vidange
liquide intérieur
ceci n’est pas
une fonction
ceci
s’efface au profit
d’une vie
régulière désignant
une femme
elle a perdu son nom
ras du sol
indéchiffrable
seule la robe reste allongée
une chambre
nette et sans rideaux
plus facile
pour se défénestrer
son journal en trois langues
contamine d’autres vies
chanter comme uriner
soulage
un contrechant invalide
les lapsus quelque chose
de sec et musical
parmi les ombres
du massacre
incessamment filmé puis remonté
en boucles dociles fade
cœur d’une forêt
sombre
sur un sol détrempé
déplacement
première
ou troisième
personne du cahier la deuxième
prophétie sans futur
stratégie ou choc
une basse intensité
peu de lumière
où es-tu Amelia
et toi Ossip
où sont vos os
broyés sous quelles dents
et quelle urine servir
ceux qui vous opprimèrent
incipit à toute comédie
toast triangulaire
intérieur de la surface
les premières roses
si fraîches
dans leur obstination
Printemps 2012